carnets tapuscrits d’une année musicale – 2004 –
retour à discobabel
liens amis : le r*ck est mort – jamais content – employé du moi
radio blog - le
mois en cours - retour en janvier
23/02/04
– Fit and working again / THE FALL
Ce qu’on voit un peu au fond, à gauche de l’immeuble moderne,
c’est l’hôtel Excelsior, magnifique bâtiment années 30.
Vers la droite, il y un immeuble de construit sur les cendres de l’atelier
où fut construit le premier aéroplane.
Au milieu, il y a ce grand nulle part qui sera un jour quelque
chose, et ma table de travail, et une chaise calée avec un caillou.
19/02/04 – French kiss / LIL’LOUIS
Quand on recherche « kiss » en images sur Google, on
tombe sur de drôles de choses : deux lycéennes sur canapé qui se mangent
la bouche, un concours de maquillage de Kiss pour midinettes, du tantra France
Loisir, des bikers à long poils qui se frottent, des mariés aux visages perdus
dans le tulle, Leonardo di Caprio, des bébés, des mangas, « baiser »
en langue des signes et du rouge à lèvres qui barbouille. Et aussi ce clone
d’Eugene Chadbourne. Appétissant, non ?
16/02/04
– I don’t do
dirty work, sucka / ANGIE REED
Cinq ans (ou presque) séparent ces deux photos : Karine est
une jeune fille moderne, fidèle a ses idéaux.
16/02/04
– Into the groove / CICCONE YOUTH
Incroyab’ : les Sonic Youth du pauvre sont dans Ouest France !
15/02/04 – Le dimanche ça dépote / APHEX TWIN
Pour recevoir les dessins d’Emmanuelle Pidoux (« Bon
Vent »),
deux sites : Les éditions du 57 et l’Employé du moi.
13/02/04 – Jed’s other poem / GRANDADDY
Camarade, l’heure est grave. C’est la grève de Discobabel. J’ai tellement rougit, camarade, à concéder que j’écrivais davantage sur ma vie que sur les groupes que j’aime, que j’ai décidé, tu sais, de me taire tant que je n’aurai rien d’intelligent à raconter. Il y a trop de sans-emplois du blog. Il y a trop de précaires. Aussi, je laisse le micro à un vacataire. La résistance s’organise !
« Hier soir, près de la place des Fêtes,
dans la vitrine d'un lavomatic,
le cœur d'un chou magnifique
éclatait de verdure,
semblable au tien. »
Camarade, si tu es sans blog fixe, si tu es un intermittent du
post, toi aussi soit hébergé ici comme chez toi. Confédération Discobabel,
branche Paris Est : mpb@elvis.com
11/02/04 – In the mailbox II / CARL AUDIO PERKINS
Lui : On cite du Brautigan, babe?
Moi : Ouais j’en mange pas mal en ce moment
Lui : T’as des besoins de tendresse alors ?
Moi : Comment tu rebondis petit jeune !
Lui : En attendant moi je pense à toi
Moi : Mais si tu penses à moi alors que je pense à un autre que
toi, est-ce que celui auquel je pense, pense à une autre que moi ?
Lui : Pire, il y a des chances qu’il pense à moi. Ca te troue
le cul chérie ?
Moi : T’es vraiment le plus fort
Lui : C’est lui le plus fort :
Vincent Marmitte
(A lire quotidiennement le blog de Laperruque, je me dis un peu
plus chaque jour que : a/ Vincent Marmitte est un Etienne Greib qui
dessine b/ Etienne Greib est un Vincent Marmitte qui boit (trop) c/ ils
s’énerveraient pas mal l’un l’autre)
11/02/04
– In the mailbox I / MISTER QUINTRON
Dans la boîte aux lettres, des informations capitales : Young
Marble Giants sur la BBC
Radio Whales jeudi 18 février à 18:30 avec interviews et morceaux nouveaux
- - - Bez (Happy Mondays) de retour en
avril avec un album produit par Shaun Ryder - - - Mister Quintron
et Miss Pussycat en concert à Mains d’Oeuvres le 13 avril - - - Sortie du livre
« Sur les quais » de Doro,
le long du Canal St Martin. En vente chez Artazar - - - Mise en ligne d’une
longue interview de Toog avec
des mp3 - - - Reginavox est un
groupe qui existe depuis 3 jours (Vincent
Taeger, Fred Pallem, Ludovic Bruni, Vincent Segal, Soleil Koster, Vincent
Taurelle). C’est là un post purement généreux.
11/02/04 – Waiting Room / FUGAZI
Lu sur le journal de Noak
Katoi, également auteure d’un site conceptuel, fanatique et érotomane sur Guy Picciotto de
Fugazi : « Ce soir à minuit :
fini les cartes 12-25, les réduc à la piscine (mais j’y vais jamais), le
quart de siècle sera dépassé, je supporterai de moins en moins bien les cuites,
ce qui est déjà le cas. 26ans, chômeuse, slackeuse, qui écoute du black metal
et fait du space-rock façon block. » Dans
presque exactement un mois, mon sort va être réglé de la même façon, les
formulaires administratifs en plus, les ongles rongés en moins. 30 – 1 +
1 : mon compte est bon. Arg. Laissez moi mourir
11/02/04
– Evol / SONIC YOUTH
Phrase
ultime de notre soirée de furies hier soir (deux messines, deux parisiennes, et
du ponch vanille) : « Jeannette Winterson a dit qu’il n’y avait pas
d’amour qui ne troue les pieds et les mains. Moi, je suis plutôt moufles et
grosses chaussettes. »
10/02/04 – Do the due / A
CERTAIN RATIO
Crise
du disque : ça sent le sapin pour Tower
Records mais Other Music, à deux
pas, s’en sortira. Et pas seulement parce qu’ils mettent A Certain Ratio – mon
hit de la semaine – sur leur page d’accueil en Real Audio. Sans envie, l’activité
économique n’a plus de ressources ni d’imagination en cas de crise. Interviewée
récemment par Radio
France, je lâche que « ces gens » ne savent plus faire sans
argent. Le maquis, si. Il y a là de quoi retrouver ses convictions les plus
profondes, et agir en conséquence, même si c’est du pop corn que l’on jette en
l’air.
09/02/04
– Noise / BEAT HAPPENING
Tony Papin vient de sortir
« Bild, » journal d’une année de dessins (10,5 X 14,5 cm, 358 pages,
noir et blanc, 12 euros port compris.) Il a aussi fait des badges fait main à
la maison. J’ai offert celui du monstre poilu à un gendarme, Ozzy mange
actuellement l’autre (celui du chien), de façon presque aussi grossière que
celle de l’homme qui n’aime pas qu’on lui touche le visage de David Shrigley (cinquième animation).
J’ai le choix maintenant entre parler de Beat Happening et de leur don à coller
au mieux aux dessins de Tony Papin, ou me shampouiner la tête en me trémousser
sur « Do the due » d’A Certain Ratio, et foncer sous les plumes avec
« Bild. » Le choix est fait : adios !
09/02/04
- 35 tonnes / STARSHOOTER
assis derrière le volant
de mon 350 chevaux
la cigarette décontractée, je regarde filer les autos
bien briqué, tous chromes dehors,
36 phares sur la calandre,
un palace en guise de cabine,
et Istanbul qui m'attend!
un monstre pour bouffer les autoroutes
entre les mains
une fille qui s'endort sur ton épaule!
bien roulée, bien bronzée, le déhanchement
troublant
elle attend repoussant tous les gigolos
trop entreprenants, je n'sais pas ce qui l'a séduite
mon 35 tonnes ou mon beau sourire
on a parlé, on a rit, la nuit je n'ai pas dormi! oh non!
un
monstre pour bouffer les autoroutes
entre les mains
une fille qui s'endort sur ton épaule!
je
n'sais pas ce qui l'a séduite
mon 35 tonnes ou mon beau sourire, elle est montée
on a parlé, on a rit, la nuit je n'ai pas dormi! oh non!
un
monstre pour bouffer les autoroutes.....(ah!....ah!)
une fille qui s'endort sur ton épaule! .......(ah!...ah...)
broum......broum......broum....
(Mickey - Phil Pressing)
08/02/04
– Marinella / TINO ROSSI
Retour
au pays : le concert de Dominique Grimaud, plein de trouille, à été l’occasion
d’un saut spatio-temporel aux Instants Chavirés, dans ce monde qui fut un temps
le mien. Les objets, les sons, les gens n’avaient – pour ainsi dire – pas
bougés, ou seulement de quelques pouces de rien du tout. Il y avait toujours
Jacques, sibyllin, avec son visage creusé, et ses grandes lunettes qui lui
mangent la moitié du visage et a qui un jour il faudra que je lui fasse lire le
texte où il existe que j’ai pu écrire. Il y avait Pierre-Jean, pilier de la
salle et sablier de la pile, mémoire musicale vivante, avec son visage poupon
et toujours légèrement rosé, ses clopes roulées et ses discours
néo-situationnistes en pointillés. Il y avait Hughes le benjamin et Patrick l’ancien,
bienveillant et doux comme jamais. Il y avait Thierry, Florence, Michel et son
Bob Dylan japonais, et puis les petits nouveaux, qui participent ponctuellement
de mon monde depuis six mois ou deux ans : Cécile, Jean-Loup, Sophie,
Emmanuel. Dernièrement, j’ai pu dire d’une relation qui se renouait qu’elle me
faisait me sentir bien, qu’elle me faisait sentir comme chez moi. Revoir ces
personnes autour d’un concert qui me tenait à cœur me fait le même effet d’un
feu de cheminée, dans une pénombre rassurante. Malgré les ruptures, malgré les
fragilités, les bagarres et les situations dangereuses, malgré les écarts et
les distensions, malgré tout ce qui fait un chemin de vie et le fait parfois
bifurquer, il y a ce bout de moi, perdu dans les plis, qui se solidarise de
nouveau à l’ensemble. C’est à se demander si ça participe du luxe de la vacance
et si, tel est le cas, comment le cultiver.
07/02/04 – Sea of love /
CAT POWER
En
fouillant dans mes archives personnelles, j’ai retrouvé cette image envoyée par
Wolfie et la considère plus que jamais d’un œil bienveillant. Malgré son
incapacité à vivre en société, c’est à dire avec moi, Ozzy peut désormais
envisager un avenir (que le ciel me pardonne).
07/02/04 – Ooops, I dit it
again / BRITNEY SPEARS
07/02/04
- Orfila Express de 10:08 / SNARK
Nu’n’honey
: Eskimokisses
Mendelson : Avec
Manu
Snark : Awakaring 4.51
AM
06/02/04 – Ready lets go /
BOARDS OF CANADA
Peut-être que je me touche dans mes rêves (comme on dit), mais là, maintenant, tout de suite, j’y crois : un beau concert de Boards of Canada. Discuter avec eux pendant les balances et savoir enfin si les claviers de David Cunningham de Flying Lizards les ont influencés autant que je le suppose. C’est un aveu baveux : je les veux. Mais si Manu Barron, ténor de la direction artistique en contre-plongée, s’y est cassé les dents, comment pourrai-je les convaincre de venir dans mon giron, pauvre stagiaire de la société du spectacle que je suis ? Je ne sais pas si un peu de foi, ma foi, suffira à faire l’affaire. Je croise les doigts.
04/02/04
– Comme un infriste / DIABOLOGUM
C’est
ce qu’on appelle le miracle de la pierre noire, le mystérieux phénomène de
l’alchimie : mes phéromones foireux se transforment en dynamo à boulot. Je
me sens prête à abattre des montagnes et enfin avancer à la machette à travers
tout mon barda. La revue, les cours, le moustachu, la guitare invisible, le
planétarium et même la salle qui ouvre dans trois ans : plus rien ne
peut me résister. C’est le grand ménage et le retour à mon bureau de jeune
fille free-lance, et c’est en hululant Pavement, toutes fenêtres ouvertes avec
ce faux petit air de printemps, exempte de salariat pendant une paire de semaines,
que je reprend en main le volant de ma bagnole. Hold on, hurry girl !
Pavement “Brinx job” (in radio blog)
Madonna “Into the groove”
Cornershop “Born disco –
died heavy metal”
Bobby Conn “Cashing
objection”
Dinosaur Jr “In a jar”
Beyoncé “Crazy in love”
Roxy Music “Love is the
drug”
A certain ratio “Do the
due”
Smith’n’hack “For disco
play only”
à Pop playlist d’une jeune fille freestyle
02/02/04 – Rosa Rogusa / ROBIN RIMBAUD
Robin me parle de cette maison incroyable, dans l’état de New-York, où il était la semaine dernière. Il me dit que c’est un lieu où je pourrai écrire entourée de chats et inviter des gens à jouer dehors. Peut-être que là-bas je pourrai enfin faire avancer cette histoire commencée au Grand Hôtel de Paris à Porto où les sillons des disques s’effacent au fur et à mesure de leurs lectures, et où se ballade Tim Wilson (celui qui pouvait deviner le contenu des disques juste à la vue de leurs gravures). Peut-être que là-bas je pourrai arpenter la carte du tendre que je brode en secret depuis près d’un an maintenant. Peut-être que là-bas, la nouvelle sur la « structure musicale complexe » prendra maturité. J’inviterai Robin à venir boire quelque chose qui ne soit ni chaud, ni alcoolisé, ni avec des bulles, en écoutant le volume 4 d’Ethiopiques, celui d’ethio-jazz et de musique instrumentale à volume raisonnable. Il me raconterait les premiers concerts du groupe de rock qu’il est en train de former avec Colin Newman de Wire et Malka Spiegel de Minimal Compact, où il chante et joue de la guitare et avec lequel il donne son premier concert le 16 avril. En blaguant, il me raconterait la vraie bonne méthode pour nouer un bandana ainsi que des potins un peu débiles et proprement hilarants sur Masami Akita. Il ferait le lapin avec une conviction profonde, les yeux qui louchent et les quenottes qui sortent, reprenant son sérieux une demie-seconde après. On se ferait des batailles de boules de neige en doudoune zippées jusqu’aux mentons, nos capuches recouvrant une partie de nos yeux. Rentrés au chaud, il me mettrait une couverture sur les épaules, en me disant de ne plus parler et de me reposer un peu, avant qu’il ne retourne en Angleterre, sous sa neige à lui. Il y aurait du parquet en chêne de partout, des carnets qui se rempliraient, se dépouilleraient et s’organiseraient. Je me sentirai bien.
03/02/04 – Rathergood / MC LUSKY
« Quand il vous voit, est-ce qu’il vous attend dans un coin ? Quand il entend du bruit, est-ce qu’il est curieux ou est-ce qu’il a peur ? Comment réagit-il quand il y a du monde ? Se fait-il les griffe ? Quels jeux a-t-il ? » Le verdict est tombé : si Ozzy me laboure les bras et les chevilles, c’est que c’est bel et bien un chat anxieux. Je m’en doutais un peu : a peine dans la rue, pour aller chez le vétérinaire, ses miaulements rauques me font passer pour une kidnappeuse d’enfants. La solution ? Une autorité qui marche, mais – pas de bol – elle ne marche pas. « Sinon des anxiolytiques, du Prozac pour chat, faut compter au moins deux mois de traitement avant que ça fasse ses preuves. » Vlan. Un chat sous Prozac. « Hmmm, y’a pas d’autre alternative ? – Si, des phéromones, ça l’apaise – Oui mais, moi, ça va me rendre folle ! – Mais non mademoiselle, la gamme des phéromones des animaux est beaucoup plus large que celle des hommes. » Non, parce que mes phéromones, là, avec ce qui se passe, Radio Latina et tout le tralala, ils sont au taquet là, Madame la Vétérinaire, vous pouvez me croire. « Bon, je vous met du vermifuge aussi, d’accord ? » Bon d’accord.
01/02/04 – Club Hard Rock
49 / FUDGE TUNNEL
J’ai eu, durant ma prime adolescence – époque où l’on est un peu cons mais néanmoins les rois du monde – deux crypto-amoureux angevins, sans jamais y avoir foutu les pieds jusqu’à la semaine dernière. Tous les deux avaient des lunettes rondes de John Lennon des chicanes, des trucs de baba-cool. Seuls l’âge et leurs goûts les tenaient à distance : tandis que l’un avait 15 ans, des boucles blondes de bébé, une guitare acoustique bien accordée et des cassettes des Ramones dans son sac militaire acheté par maman, le second tapait dans la mi-vingtaine et vivait dans des piaules. Il était l’acteur consentant d’une correspondance frénétique, où il me décrivait dans le menu détail ses séances de répés au Chabada. Au moment de notre rencontre, j’avais fait la belle, en disant que j’aimais bien Fudge Tunnel et que Nottingham, vraiment, c’était un vivier de groupes de fous, tout en me tortillant une mèche entre le majeur et l’index, l’air bécasse. Je n’avais alors jamais écouté le groupe d’Alex Newport, et ne jurais que par le punk à roulettes clermontois. J’avais fait exactement la même pour John Zorn (il disait : Zorg, faut dire qu’on n’en parlait pas beaucoup à l’époque) alors qu’il ramenait de Paris – plus exactement d’un concert de Dogbowl sous une sandwicherie où il avait vu les types de Hyacinthe – une cassette du bonhomme. Il était tout fou, tout chose, et moi j’ai fais « oui, oui, j’aime » alors que je pensais « fais un moi un bisou et tais-toi. » Prise au piège, j’ai du jouer au mensonge pendant toute l’année où nous avons joué des coudes. Maintenant que j’ai un chat, un crédit, des pendants et un poste à responsabilités en mairie de droite, je pourrais presque l’avouer : Fudge Tunnel et moi, c’est un peu comme Lydia Lunch et Lorie. Mais sur le parking du Chabada, c’est déjà une toute autre histoire : plus de gamelle, plus de remboursements, plus de bijoux ni de poste qui ne tiennent ; l’appel des guitares fracassantes s’abattait alors jusque dans mon plexus, et m’a invité avec insistance à replonger plus longuement dans ce bout de mon histoire. Et les oreilles bien dégagées, Fudge Tunnel ça le fait, bébé.